Accueil > Terminale > Histoire > H1 - Le patrimoine : lecture historique > H1 Le patrimoine, lecture historique : la vieille ville de Jérusalem (cours)
dimanche 11 novembre 2012, par
Cours = 4h / Sujet de bac = composition uniquement
Hatier 2012
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Introduction
Travail préparatoire
Vidéo 1
: Que nous apprend cette crise en 2010 sur le patrimoine de la vieille ville de Jérusalem ?
Partie I
Jérusalem :
Le patrimoine de Jérusalem (carte animée)
Le patrimoine de Jérusalem (photo animée)
: Identifier les différents éléments patrimoniaux de la vieille ville de Jérusalem.
Photos 2 et 3 page 30 + reconstitution 4 page 31 + carte 1 page 30
Vidéo 2
Vidéo 3 Saint-Sépulcre
Partie II
Comment naît une ville "trois fois sainte" :
(Cliquer ci-dessous pour voir la vidéo)
: A l’aide des documents, montrer l’évolution historique des trois patrimoines.
Document complémentaire 1
La Bible enjoint d’entretenir le souvenir de Jérusalem. Trois fois par jour, c’est tourné vers Jérusalem que prient les fidèles. Et, chaque année, le rituel familial du repas pascal s’achève par cette formule : « L’an prochain à Jérusalem ». Cependant, dans son immense majorité, le peuple juif s’est accommodé de l’exil. Chez les juifs médiévaux, Jérusalem est avant tout un symbole, même si la Jérusalem terrestre n’est ni dévalorisée ni occultée et demeure, ici-bas, la porte du Ciel. La Terre sainte et la Ville sainte sont de moins en moins elles-mêmes, pour être de plus en plus autre chose qu’elles-mêmes.
D’après J.-C. Attias, Si je t’oublie, dans L’Histoire n°378, juillet-août 2012, pages 54-56.
Document complémentaire 2
D’après la Lettre de St Bernard à Guillaume, patriarche de Jérusalem, première moitié du XIIe siècle
Document complémentaire 6
Saladin marcha sur Jérusalem. L’Islam demandait Jérusalem, prompt à apporter des vies pour la délivrer de ses malheurs. En réponse au cri de douleur poussé par le Rocher qui appelait au secours contre l’ennemi, résonnait un écho rapide qui allait ramener la foi dans la ville devenue étrangère à sa patrie et la restituer à sa tranquille demeure en chassant d’al-Aqsâ ceux que Dieu allait chasser avec sa malédiction. On marchait pour passer la bride à Jérusalem devenue rebelle ; pour y faire taire le bruit des cloches chrétiennes et retentir l’appel islamique à la prière, pour que les mains de la foi en chassent celles des Infidèles, pour la purifier des salissures de leur race, des ordures de cette humanité inférieure, pour réduire leur esprit au silence en rendant muets leurs clochers. La nouvelle vola jusqu’à Jérusalem ; le cœur des occupants sursauta d’effroi.
Ayant pris possession de Jérusalem, le sultan donna l’ordre impératif de rendre visible le mihrab de la mosquée al-Aqsa. Les Templiers l’avaient masqué par des murs et converti en magasin pour les grains. Quant au Dôme du Rocher, les Francs avaient élevé sur lui une église et un autel ; ils y avaient isolé l’emplacement de l’empreinte du pied de Mahomet en construisant un petit dôme doré. Cette roche était donc cachée par les constructions qui la recouvraient, submergée par l’église qu’on avait édifiée : c’est pourquoi le sultan donna l’ordre de la découvrir.
D’après Imad al-Din, Conquête de la Syrie et de la Palestine par Saladin, fin du XIIe siècle.
Document complémentaire 7
D’abord, le culte de Jérusalem se développe dans un espace qui lui est extérieur, à distance, mais de manière concrète : à distance, parce que hors des lieux saints et de la ville de Jérusalem, et souvent hors de Palestine, dans le cas de la diaspora ; de manière concrète, car il y a peu de Palestiniens qui ne possèdent un objet ou une image fétiche de al-Quds, du dôme du Rocher et de la vieille ville, de ses monuments. Pour l’ensemble de la communauté palestinienne, le souvenir de al-Quds se reconstitue ou s’épanouit dans de multiples supports : objets, cartes et images, récits et chansons, patrimoine reconstitué
Ensuite, en remontant le cours du demi-siècle écoulé, on s’aperçoit que les dirigeants et acteurs palestiniens ont mis constamment l’image de Jérusalem et du Dôme au cœur de leurs projets, de leurs discours et de leurs actions. Chaque projet urbain et politique a été envisagé à partir de la conservation de la vieille ville.
Le sentiment patrimonial et identitaire s’est donc forgé à Jérusalem-Est, pensée comme cœur de la communauté musulmane et arabe. On comprend mieux dans ces conditions que la rénovation du quartier dit des Maghrébins en 1967 au profit de la construction du nouveau quartier juif, ait été un événement considérable. Il remettait en cause la présence palestinienne et alimenta la bataille architecturale de Jérusalem. Dans la période qui suivit la prise de Jérusalem par Israël et durant les trois dernières décennies, al-Quds devint le mythe porteur du destin national palestinien, notamment quand les signes de son identité arabe furent menacés.
D’après Bulle Sylvaine, Espace et mémoire collective à Jérusalem, Annales. Histoire, Sciences Sociales, 2006/3 61e année, p. 583-606.
Partie III
Au cœur du conflit israélo-palestinien
: Identifier les différents conflits autour du patrimoine de Jérusalem.
Plan de partage + statut de Jérusalem jamais appliqués
→ ville d’abord sous autorité de la Jordanie puis, à partir de 1967, sous celle d’Israël
Document complémentaire 8
En 2010, le Premier ministre Benyamin Nétanyahou a décidé d’inscrire le caveau des Patriarches [à Hébron] et le tombeau de Rachel [à Bethléem] sur la liste des sites du patrimoine national [israélien] de façon à ne pas oublier notre histoire. Hélas, trois fois hélas, Nétanyahou n’a manifestement pas lu les conclusions des fouilles archéologiques les plus récentes, qui affirment qu’Abraham, Isaac et Jacob ne peuvent avoir vécu à l’époque décrite par l’imagination fertile des rédacteurs de la Bible.
Nétanyahou a soudain décidé de consacrer un budget de 500 millions de shekels [132 millions d’euros] à la conservation de sites historiques sur le territoire israélien. Certes, au lieu de cela, il aurait pu faire bénéficier de cet argent les lycées public ou les universités pour y financer des cours d’histoire, qui vont à vau-l’eau. Seulement, pour produire et reproduire une mémoire nationale inamovible et hermétique, des lieux de culte en pierre seront manifestement toujours plus efficaces que des débats universitaires ouverts à la critique.
Shlomo Sand, Ces “lieux saints” qui tuent la paix, Courrier international, 4 mars 2010.
Document complémentaire 9
Document complémentaire 10
Document complémentaire 11
Document complémentaire 12
Plus d’une soixantaine de tués palestiniens, quatorze morts israéliens et un bon millier de blessés. Si lourd soit-il, le bilan des trois jours d’affrontements armés, qui ont éclaté mercredi dernier dans les territoires palestiniens ne rend compte qu’imparfaitement de l’ampleur de la déchirure qui s’est produite entre les deux peuples de Terre sainte.
L’ouverture d’un tunnel archéologique, qui passe sous et débouche dans le quartier musulman de la vieille ville de Jérusalem, fit l’effet d’une bombe. Percé il y a onze ans, ce tunnel de 488 mètres de long sur un mètre de large longe le mur des Lamentations. A de nombreuses reprises, ces dernières années, les représentants religieux qui administrent l’esplanade des Mosquées ont protesté contre ces travaux archéologiques. Selon eux ces travaux visent constamment à affirmer dans la pierre ’ l’identité juive ’ et exclusivement juive de la ville trois fois sainte. Plus grave, les musulmans affirment que le tunnel ’ menace les fondations mêmes du Dôme du Rocher et de la mosquée al- Aqsa ’. L’affirmation musulmane est vigoureusement niée par les archéologues israéliens.
Jusqu’au 24 septembre, le tunnel ne disposait que d’une seule entrée, près du mur des Lamentations. Les touristes qui le visitaient devaient ressortir par la même ouverture. La seconde ouverture, percée le 24 septembre, débouche sur la via Dolorosa, le chemin de Croix présumé du Christ, qui traverse les quartiers musulmans et chrétiens de la Vieille Ville.
En soi, la mesure pouvait sembler inoffensive. Mais dans un lieu aussi chargé d’émotions et de croyances, l’ouverture va déborder sur la via Dolorosa et déboucher au départ du chemin de Croix. Le quartier risque de perdre son caractère musulman (un quartier qui s’étend jusqu’à la porte des Lions).
Les gouvernements israéliens précédents le savaient, et c’est pourquoi, ils n’ont jamais voulu donner leur feu vert au percement d’une nouvelle entrée. Benyamin Netanyahou, n’a pas eu cette prudence. ’ Le tunnel restera ouvert parce qu’il est l’affirmation de notre souveraineté sur Jérusalem ’, s’entête le Premier ministre.
D’après TESSAN CLAUDE/TROUBE CHRISTIAN/CHABAUD CORINE - Publié le 3 octobre 1996 - La Vie n°2666
Conclusion
Le patrimoine de Jérusalem est à la fois immatériel et matériel. Son importance s’explique par l’histoire de la ville, sacralisée par les différentes parties. Il est actuellement au centre de conflits parfois violents entre deux nations qui s’y affrontent. Il peut donc parfaitement être étudié historiquement. L’historien peut y lire comment la ville a été marquée par les conflits et les coexistences. Chaque époque et chaque civilisation y a laissé des traces monumentales et des apports culturels et spirituels. À l’heure actuelle, la cité vit toujours à la fois la coexistence des cultures et les tensions entre elles. L’interprétation par l’historien du patrimoine culturel de cette ville reste donc un enjeu majeur.